Arrivé au sommet de la colline, le garçon regarde le gens passer en vitesse. Habillés comme des astronautes, ils glissent facilement sur leurs skis jusqu’en bas de la piste. André est équipé, lui aussi, comme un astronaute, mais il ne glisse pas. Pas encore.
Sa sœur, Louise, qui vient de fêter ses huit ans, lui parle comme une grande personne qui s’y connait :
– Allez, André, tu verras que ce n’est pas difficile !
Qu’est-ce qu’elle en sait… bien sûr que c’est difficile ! Déjà, arriver en haut de la piste ça lui était vraiment difficile. Heureusement qu’un allié inespéré avait volé à son secours : Le Chocolat ! Sortie comme par magie de la poche de papa, la tablette de chocolat était vraiment la seule à pouvoir le faire monter dans le télésiège.
Papa ressent le besoin d’intervenir dans la conversation :
– Regarde bien, on plie légèrement les genoux et on laisse les skis glisser comme ça… si tu as l’impression de gagner trop de vitesse…
Mais c’est exactement ce dont André a besoin : partir en grande vitesse et s’évanouir de la piste en un instant ! S’il le pouvait, il laisserait tout tomber et s’enfuirait à la maison, à Paris. Quant à papa, il ne comprend rien de toutes ces choses-là, mais au moins il sait faire du ski.
Comme ils l’ont fait marcher ces jours-ci :
– On va chez mamie, à Thollon.
– Imagine-toi, on va dormir dans le train !
– Tu sais, là-bas il y a de la neige et il fait très froid, brrr…
– Et on va allumer le feu dans la cheminée !
Quand il pense avoir tout subi : un nouveau voyage, une nouvelle maison, un nouveau lit. Heureusement que les petits sablés de mamie étaient aussi délicieux que d’habitude.
Papa brûle d’impatience, il a envie de tester sa nouvelle paire de skis :
– Allez, André, on y va ? N’aie pas peur !
– Peur de quoi ?
Le garçon regarde son père avec étonnement.
– Peur de ne pas tomber?
– Je n’en ai pas.
– Peur de la vitesse, peut-être?
– Non plus.
– Et alors ?…
– Je crains seulement que Louise ne soit plus rapide que moi et qu’elle n’arrive en bas avant moi.
Quinze minutes plus tard, en bas de piste, André se régale avec un chocolat chaud au Chalet des Skieurs :
– Voilà, une nouvelle chose de faite !