C’est lundi aujourd’hui. C’est le jour où je ne veux pas aller à l’école. Je me cache sous la couette et je ne veux plus en entendre parler. J’entends, par contre, le réveil. Qui sonne et sonne et sonne… sans cesse. Mais je m’en fiche! Je reste sous la couette et je ferme les yeux en espérant que maman soit trop occupée pour venir me chercher.
Le réveil est le plus redoutable ennemi des humains, à mon avis. Nous en avons un à la maison, très ancien modèle, avec des aiguilles qui font tout le temps du `tic` et du `tac`. Je le déteste de tout mon coeur.
– Bonjour, mon grand, c’est moi!
– Hmm…
Maman fait des aller-retour dans ma chambre, je sens qu’elle tient à me réveiller à tout prix. On dirait qu’elle n’est pas encore au courant du fait que je ne vais pas à l’école aujourd’hui. Heureusement, le réveil a arrêté de m’embêter, il ne sonne plus.
– Allez, mon chou, une nouvelle semaine t’attend !
– Qu’elle m’attende tranquillement ! je grogne sous la couette.
– Plus un nuage aujourd’hui, le soleil t’attend aussi.
– Oké.
– Allez, tu vas rencontrer ton copain Michel à l’école.
– Et alors ? Je – ne – vais – pas – à l’école – aujourd’hui !
J’entends maman ouvrir la fenêtre. Puis je n’entends plus rien jusqu’à quand la couette s’envole. Maman rigole. Pas moi.
– Tu sais, la Maîtresse est impatiente de te rencontrer.
– Mouais, c’est ça… elle a hâte de rencontrer Michel aussi, ainsi que Sacha et tous les autres enfants de la classe.
– Oh-la-la… mais tu fais vraiment la tête ce matin !
Pfff… je me lève et j’entre dans la salle de bain. A moitié endormi, j’ouvre le robinet et je laisse l’eau couler dans le lavabo, ensuite je le ferme. Heureusement, aucune goutte d’eau ne m’a touché. Que personne n’ose me critiquer la-dessus! Déjà que j’ai fait un super effort pour sortir du lit.
Je reviens dans ma chambre, pas le choix, je dois m’habiller. Je pense mettre un tee-shirt, mais je me souviens du livre que j’ai feuilletée hier soir avant de m’endormir. Où pourrait-il être?
– Allez, mon grand, t’es prêt? Viens manger!
J’entends un bruit d’assiettes cassées dans la cuisine, signe clair que maman est pressée.
– Ouiii… je lui réponds.
Je nage dans la poussière d’en-dessous de mon lit, là où je suis en train de récuperer mon livre. Bizarre, comment a-t-il pu atérir là? D’après les bruits de la cuisine, maman me semble de plus en plus stresée. Une fois les assiettes rangées dans le placard, c’est le tour des couverts d’être secoués.
– Allez… on part dans vingt minutes. J’espère que t’es déjà habillé.
– Ouiii…
Je feuilette calmement le livre, j’adore ses histoires. Il me semble bien que j’avais quelque chose à faire, mais je ne me souviens plus trop de quoi il s’agissait.
– Allez, enfin… ces crêpes se déjà sont refroidies.
– Crêpes… qui a dit „crêpes”?
Deux minutes plus tard je me présente dans la cuisine. Habillé. Maman me regarde d’un air victorieux. Finalement un matin où elle ne sera pas en retard au travail!